J’ai fermé ma maison, je ferme ma maison, je fermerai ma maison…

Recherche, création, production et rayonnement


C

ette oeuvre marque le début de ce projet.

Description du projet

Contexte.  Voilà que papa, 90 ans, me demande de l’aider à fermer sa maison parce qu’il a décidé d’aller vivre en résidence. Je ferme donc sa maison tout en la photographiant pendant ce processus de dépouillement (élaguer, donner, jeter, récupérer) et j’en conserve des objets symboliques.  Lors d’aller-retours entre la maison de papa et sa future résidence, je rencontre ses colocataires qui eux aussi ont fermé leur maison et qui connaissent ce processus. De retour chez-moi, regardant mes biens matériels et mon atelier de création je prends conscience que moi aussi, un jour, je fermerai ma maison.  Qu’adviendra-t-il de ce que je chéris dans ma demeure? Qu’adviendra-t-il de mes œuvres? Qu’est-ce qui se passe dans notre tête lorsque l’on est rendu à cette étape de notre vie ? Quel est notre langage intérieur ?


C

e que j'ai fait.

À partir de ce travail d’élagage et à partir de la rencontre que j'ai faite avec d’autres résidents de la Résidence Desjardins de Senneterre, j'ai peint plus de 20 tableaux de différents formats. Ce projet a été évolutif selon les rencontres faites et le suivi des participants. J'ai demandé à mes participants de me parler de la fermeture de leur maison et de me remettre un objet ou de me partager des mots personnels qui représentent ce moment. À partir de ces objets symboliques et de ce que j’appelle « des mots dans la tête » j'ai enclenché le processus de l’acte de peindre.

Source d’inspiration (démarche. Je peins à partir du quotidien, à partir des rencontres et des évènements de la vie ordinaire, extraordinaire et commune. Mon acte de peindre concerne particulièrement certaines expériences de la vie auxquelles nous sommes confrontés.es à un moment ou à un autre de notre parcours humain, que ce soit l’amitié, l’accompagnement en fin de vie, la mort, le deuil, la vieillesse, le questionnement spirituel et/ou l’apprentissage du vide. L’adaptation et la vitalité de l’être humain aux prises avec des expériences intenses, personnelles et profondes, vécues de la naissance à la mort, me préoccupent. De façon formelle mon travail se fait principalement par la peinture. Se joignent à ce processus, le collage de photos, l’intégration d’objets symboliques dans l’œuvre que je broche, noue, ficelle, enrobe, colle, et l’utilisation de mots intégrés à mon œuvre.

Retombées attendues de la réalisation du projet.   Ce projet permet de mettre en lumière une étape cruciale de la vie de la personne vieillissante, celle de la fermeture de leur maison. Certains ont vécu plus de 50 ans dans leur maison, certains autres sont même allés jusqu’à la construire eux-mêmes. Ils ont aussi vu la ville de Senneterre se développer depuis 1919. C’est connu, la société québécoise vieillit. Nos aînés.es ont droit à la dignité et à la reconnaissance de leurs expériences de vie. Nous devons y travailler en tant que société. Ma peinture et mon action artistique se situent au niveau de la vie quotidienne, ordinaire, mais combien extraordinaire, singulière, commune et universelle. Cette étape cruciale de la vie de nos aînées mérite d’être mise en valeur. Ce projet me permet à nouveau d’aller à la rencontre de l’autre et de nourrir mon processus créatif tout en apportant une contribution à ma collectivité. Je me sens alors utile par mon art et combien redevable à ceux qui ont construit avec moi ce projet artistique. Il permet un rayonnement artistique et social de nos vies respectives.


Les oeuvres suivantes ont été créées et accrochées aux murs de la résidence au fur et à mesure des rencontres 2018-2019